Olenka Carrasco

Artiste vénézuélienne basée à Paris, l’approche d’Oleñka Carrasco est d’essence pluridisciplinaire. Elle expérimente et interroge à la fois l’écriture et le dessin, en plus de la photographie, pour aborder des sujets toujours étroitement liés à son expérience intime.
La poésie n’est jamais absente de ce processus d’exploration : elle est la colonne vertébrale de ses projets en laissant parler ses pulsions, les fantômes de sa mémoire et sa curiosité pour l’irrationnel, terrains fertiles de toutes ses créations.

Sa photographie est un combat de mémoire. Elle crée des expériences immersives semblables à de véritables parcours intérieurs, qui éveillent chez le spectateur des émotions puissantes en le mettant en présence de lui-même ou en posant un regard exigeant sur une réalité sociale que elle cherche à rendre visible.

Ses principaux projets La Liste de prénoms, Le Cimetière des vivants, Lettres de Paris et La multiplicité de l’auto fragmentation ont été exposés en France, en Espagne et en Italie. Son livre Lettres de Paris a été shortlisté au Luma Rencontres Dummy Book Award et exposé dans les Rencontres d’Arles, 2015, et son livre La nostalgia es una revuelta, co-écrit avec Julieta Valero a été nommé au Prix Livre Photo-Texte de l’Année et exposé aux Rencontres Photographiques d’Arles, 2017. Elle est aussi l’auteure du livre La Latitude des Pas.

Projet

Deconstructing Venezuela

Le 9 juin 2020, j’ai reçu un appel de l’autre côté de l’Atlantique : “Il est mort, je l’ai trouvé mort” ma mère m’a dit.

La mort d’un proche, c’est quelque chose d’inévitable. Néanmoins on ne meurt pas de la même façon partout dans le monde. Imaginons la procédure de la mort dans un pays où il y a tellement de morts que les cimetières ne sont pas terminés à temps. Ce pays s’appelle le Venezuela. Comment vivre cette procédure en étant exilé à des milliers de kilomètres de distance. Maison prêtée pour un deuil est une série de photographies, de dessins, d’écrits et de vidéos réalisés dans les jours qui ont suivi la mort de mon père au Venezuela, mon pays d’origine. La photographie, le dessin et la disparition des deux à travers d’un procédé corrosif me permettent de parler de la fragilité de la mémoire et de la volatilité du lien avec mon pays.

Je revisite ce projet dans le cadre du mentorat, à travers un travail méticuleux de collecte d’albums de famille, d’objets et de témoignages, je reconstitue un deuil qui à travers d’une simple histoire de famille ouvre une brèche sur la destruction d’un pays.