Alejandro León-Cannock
Alejandro León Cannock (Lima, Pérou, 1980) est philosophe et photographe. Sa pratique professionnelle, au croisement de la recherche et de l’enseignement, de la création et du commissariat, se développe dans le territoire où s’articulent l’exercice de la pensée et la vie des images. Il est membre du Conseil de la recherche de l’École nationale supérieure de la photographie d’Arles (ENSP), du Comité de rédaction de la revue FOT (Pérou) et du Comité consultatif académique de la revue NoImagen (Chili). En 2017, il a remporté le premier prix du concours d’essais du festival Begira Photo (Espagne). Son travail artistique a été exposé en Chine, France, Mexique, Pérou, Suisse et Uruguay.
Actuellement, il est doctorant à l’ENSP et à Aix-Marseille Université dans le programme « Pratique et théorie de la création artistique et littéraire ». Il est également titulaire d’un master en photographie latino-américaine contemporaine (Centro de la Imagen, 2015) et d’un master en philosophie avec un mémoire sur le philosophe Gilles Deleuze (Pontificia Universidad Católica del Perú, 2009). Il a enseigné la philosophie et la photographie pendant plusieurs années dans différentes universités et écoles d’art au Pérou. Actuellement, il enseigne Pratique et théorie de la photographie à la Licence des Arts Plastiques d’Aix-Marseille université et Post-photographie à l’Université des sciences appliquées (Pérou).
Il a réalisé plusieurs publications sur la théorie et la création photographiques contemporaines, dont les dernières sont : « C’est le Pérou ! Tendances de la photographie péruvienne contemporaine » (Vannes Photo festival/Fisheye, 2022), « La photographie comme pensée du possible. Documentation, fiction et spéculation dans la photographie contemporaine », (Les Chantiers de la création, n°14, 2022), « Fendre les images, fendre les choses. Les images composites peuvent-elles devenir des images pensives ? », (Sens public, 2022), La photographie comme forme de vie (Lisetta Carmi. Those With a Name to Come, Arles : Filigranes/ENSP, 2020), « El paradigma performativo. Anotaciones sobre la naturaleza de la investigación artística » (Lima : PUCP 2019), « El pensamiento de las imágenes. Anotaciones sobre la performatividad de las imágenes y el arte contemporáneo » (Montevideo : CdF 2018).
En raison de la place prépondérante que la visualité occupe dans le monde contemporain, durant les dernières années les réflexions sur les images se sont déplacées des considérations sur leur nature vers des considérations sur leurs puissances : la question « qu’est-ce qu’une image ? » a été remplacée par la question « que peut une image ? ». Ce tournant épistémique montre un renouvellement des préoccupations sur la place des spectateurs : comment les images agissent-elles sur eux ? Leurs puissances sont plurielles, tout comme leurs effets : elles informent, séduisent, effrayent, alertent.
Dans ce contexte, nous nous demandons : les images peuvent-elles avoir une puissance pensive ? À l’encontre du sens commun, nombreux sont les artistes et philosophes qui ont affirmé qu’il existe des images capables de penser et de faire penser. Où trouve-t-on ces singulières images ? Cette proposition doctorale est consacrée aux enjeux relatifs à la pensivité dans le champ de la photographie contemporaine. À cette fin, les explorations conceptuelles et plastiques proposées prennent pour fil conducteur une problématique « transcendantale » : dans quelles conditions l’expérience photographique peut-elle devenir un événement de pensée ?
Inscrite dans le paradigme performatif de la recherche, cette proposition doctorale recourt à une méthodologie pluraliste et une épistémologie indisciplinaire qui privilégient une pensée rhizomatique qui poursuit les déviations et connexions de la problématique proposée, sans pour autant négliger une pensée arborescente capable de procurer un approfondissement analytique. C’est pourquoi, plutôt que d’établir des conclusions définitives (« vérités »), cette proposition doctorale suggère des perspectives provisoires (« remarques ») afin de cartographier, de manière discursive et plastique, la pluralité des modes d’existence des images pensives.
Ce positionnement hybride, au croisement des images et des idées, a donné lieu à une thèse avec une structure ouverte composée par huit Carnets de navigation. Chacun contient le récit de l’un des voyages dans le plurivers des images pensives. Il n’y a pas d’ordre préétabli pour les explorer. Il existe, pourtant, de multiples connexions entre eux, formant ainsi un système démultiplié de références. Ce voyage polymorphe a produit trois conclusions principales : la conceptualisation des « dispositifs esthétiques de pensivité », de l’« art-based philosopher » et de la « redondance proliférante ».