Colloque Intelligence artificielle et images. Enjeux esthétiques, éthiques et technologiques

Enjeux esthétiques, éthiques et technologiques

5 novembre 2024 → 9h › 17h

Après son workshop de rentrée conçu en lien étroit avec le Festival Octobre numérique autour des concepts de tiers-images et de  « permacomputing », l’ENSP poursuit son exploration des nouvelles technologies et l’IA en proposant un colloque, ouvert à toutes et à tous, entièrement consacré à cette problématique.

Depuis sa création, l’École nationale supérieure de photographie à Arles a connu d’importantes évolutions au premier rang desquelles le passage au numérique qui a considérablement transformé ses approches et enseignements. 

Aujourd’hui, l’irruption des technologies de pointe, des sciences algorithmiques et, plus encore, de l’IA dans le domaine de la photographie numérique et de l’image soulève bon nombre de nouveaux questionnements qui enjoignent l’ENSP à envisager plus fondamentalement cette nouvelle donne. 

Dans ce dessein, l’École a conçu ce colloque pour explorer les transformations esthétiques, éthiques, écologiques et politiques engendrées par l’usage des technologies algorithmiques dans le champ de la photographie, en particulier, et dans le domaine de la création en général. Réunissant artistes, théoriciens et penseurs critiques, cet événement offrira un espace de réflexion sur les nouvelles formes d’expression générées par l’IA, ainsi que leurs implications pour la photographie et l’art aujourd’hui.

À travers des conférences et présentation de travaux artistiques, nous interrogerons la manière dont l’intelligence artificielle réinvente les processus créatifs et redéfinit notre conception de l’image et de l’œuvre d’art.
Comment les outils numériques influencent-ils la production et la réception des œuvres? Quelles tensions émergent entre l’artiste humain et la machine créatrice?
Enfin, quelles sont les responsabilités éthiques et les impacts sociétaux des œuvres générées par des algorithmes dans un monde où la technologie réoriente les esthétiques et les pouvoirs?

Ce colloque invite ainsi à penser les possibilités mais aussi les défis d’une création partagée entre artistes et machines, au cœur d’un débat essentiel pour l’avenir des pratiques photographiques et artistiques.

AVEC

→ 9h30 | Sébastien Thon
Enseignant-chercheur en Informatique à l’Université d’Aix-Marseille, membre du Laboratoire d’Informatique et Systèmes (LIS) de Marseille

→ 10h30 | Serena Villata
Directrice de recherche à la Chaire CNRS en Intelligence Artificielle. Membre de l’équipe de recherche Inria-I3S WIMMICS Laboratoire I3S, CNRS, Sophia Antipolis, France

→ 11h15 | Caroline Delieutraz
Artiste qui présentera sa série Bleen

→ 12h | Échanges avec la salle

→ 14h | Antonio Somaini
Professeur de théorie du cinéma, des médias et de la culture visuelle, Université Sorbonne Nouvelle ; Membre Senior de l’Institut Universitaire de France (IUF)

→ 14h45 | Ethel Lilienfeld
Artiste qui présentera ses derniers projets : Invisible Filter, Les Acrolithes et EMI.

→ 15h30 | Fabien Giraud
Artiste qui présentera The Feral, œuvre collective à l’échelle d’un paysage – lieu d’apprentissage pour une intelligence artificielle en charge de créer un film.

→ 16h15 | Échanges avec la salle

Ce colloque est organisé dans le cadre du programme d’accompagnement post-master sur les enjeux artistiques de l’intelligence artificielle et des nouvelles technologies en lien avec la photographie et l’image dont bénéficient quatre jeunes artistes diplômé·e·s des écoles supérieures d’art en 2024-2025. Ce programme bénéficie du soutien de La Fondation de France.

Antonio Somaini

Antonio Somaini est professeur de théorie du cinéma, des médias et de la culture visuelle à l’Université Sorbonne Nouvelle. Il est aussi membre Senior de l’IUF (Institut Universitaire de France) avec un projet de recherche sur l’impact de l’IA sur les images, la culture visuelle, la photographie, le cinéma et l’art contemporain. Pendant ce semestre d’automne 2024 il est visiting professor à l’université de Harvard. Parmi ses dernières publications sur l’IA, la participation au questionnaire « Art and Machine Learning » dans la revue October (n.189, Summer 2024), l’article « Algorithmic Images. Artificial Intelligence and Visual Culture » (Grey Room, n.93, Fall 2023), et le livre Culture visuelle. Images, regards, médias, dispositifs (avec Andrea Pinotti, Les Presses du Réel, 2022). Il est actuellement commissaire général de l’exposition Le monde selon l’IA qui sera présentée au Jeu de Paume entre avril et septembre 2025.

Sébastien Thon

Sébastien Thon est maître de conférences en Informatique au Laboratoire d’Informatique et des Systèmes de l’Université d’Aix-Marseille. Il a obtenu un doctorat en informatique en 2001 à l’Université de Limoges dans le domaine de l’informatique graphique. Dans sa recherche sur les images numériques, il s’intéresse aux rencontres entre sciences et arts et mène une pratique artistique qu’il mêle de technologies.
Au cœur de ses expérimentations se trouvent essentiellement l’image, le son et les données de toutes provenances. Dans ses explorations synesthésiques au sein de ce triangle, il passe de l’un à l’autre ; il utilise du son pour produire une image ; une image pour produire du son ; des données de toutes natures, de l’intelligence artificielle, pour produire des sons et des images.
Il a intégré son travail dans des installations artistiques, des dispositifs interactifs, des consoles de jeu, des logiciels de VJ, des microcontrôleurs et diverses plateformes informatiques.

Serena Villata

Serena Villata est directrice de recherche en informatique au CNRS et elle poursuit ses recherches au laboratoire I3S à Sophia Antipolis (France). Son domaine de recherche est l’Intelligence Artificielle (IA), et ses travaux actuels portent sur l’argumentation computationnelle, avec un focus particulier sur les textes juridiques et médicaux, les débats politiques et les contenus préjudiciables sur les réseaux sociaux (langage abusif, désinformation). Son travail conjugue des cadres de raisonnement basés sur l’argumentation avec les arguments en langage naturel extraits du texte. Elle est autrice de plus de 150 publications scientifiques en IA. Depuis juillet 2019, elle est lauréate d’une Chaire en Intelligence Artificielle à l’Institut Interdisciplinaire d’Intelligence Artificielle 3IA Côte d’Azur sur « L’Argumentation Artificielle pour l’Homme ». Elle est directrice scientifique adjointe de l’Institut 3IA Côte d’Azur depuis janvier 2021. Depuis décembre 2019, elle est membre du Comité national pilote d’éthique du numérique (CNPEN).

Caroline Delieutraz

Caroline Delieutraz scrute la circulation des images et la manière dont celles-ci transforment nos imaginaires et
agissent sur nos consciences. Refusant de se prononcer sur le devenir – utopique ou dystopique – du Web, elle lui emprunte la culture de la collaboration et du DIY. L’artiste collecte des matériaux visuels qu’elle manipule et retravaille pour créer des déplacements qui favorisent l’hybridation et les maillages relationnels. Au sein d’installations mêlant souvent techniques numériques et fait-main, elle donne de la matérialité à des phénomènes fluides et insaisissables.
Les constructions et déconstructions qui en résultent nous rappellent la nature profondément fictionnelle des images.
Le travail de Caroline Delieutraz a été présenté dans des expositions individuelles ou collectives, notamment à Around Video (Lille), Art Brussels, au Centquatre (Paris), à La Gaîté Lyrique (Paris), à la fondation Vasarely (Aix-en-Provence), au Jeu de Paume (Paris), à LocaleDue (Bologne), au prix Sciences Po pour l’art contemporain (Paris), au Palais de Tokyo (Paris), à la Maison Populaire (Montreuil), à la Cité internationale des arts (Paris) ou encore à la Citadelle de Pampelune (Espagne).

Ethel Lilienfeld

Née en France en 1995, Bruxelloise d’adoption, Ethel Lilienfeld interroge dans ses œuvres l’impact grandissant du corps virtuel sur le réel et sur la vie quotidienne. Elle fabrique des images étranges qui exacerbent la tension entre le fantasme et la folie. Le travail d’Ethel Lilienfeld explore les questions des normes sociales, des standards esthétiques et les concepts d’identité et de genre. Le corps occupe une place importante dans la plupart des propositions agencées par l’artiste. En combinant la technologie avec des techniques cinématographiques traditionnelles, Ethel crée des environnements visuels singuliers. Si elle utilise la photographie, l’installation vidéo, ou le film, ses dispositifs n’en restent pas moins relatifs à la sculpture et le rapport à l’espace y est capital. Dans ses vidéos, Ethel Lilienfeld module avec les acteurs, les décors et les objets en puisant tantôt dans la fiction, tantôt dans le réel.

Après un master en arts visuels à La Cambre (Bruxelles) en 2020, Ethel Lilienfeld a obtenu un post-graduate au
Fresnoy – Studio national des arts contemporains en 2023. Elle a récemment remporté plusieurs prix dont la Villa Albertine Grant / Étant Donnés Contemporary Art (2023).
Le travail d’Ethel a été présenté dans des lieux tels que la Biennale Fotofest (Houston, USA) ; Ars Electronica (Linz, AT); MEET – Digital Culture Center (Milano, IT) ; Alan Kadıköy _ Noise Media Art (Istanbul, TR) ; IMAL Center for digital cultures and technology (Bruxelles, BE)…

Fabien Giraud

Fabien Giraud vit et travaille à Paris. Issus des pratiques documentaires, son travail, qui mêle sculptures, films et performances, vise à explorer et à rendre réelle l’hypothèse de mondes tout autres. De 2014 à 2022, il a travaillé en collaboration avec l’artiste Raphaël Siboni sur la série intitulée The Unmanned, une épopée historique composée de multiples épisodes retraçant à rebours sur trois saisons une histoire alternative de l’humanité. En 2024, Fabien Giraud lancera avec la commissaire d’exposition Anne Stenne le projet Le Féral, oeuvre collective, située dans le Limousin, qui s’achèvera mille ans plus tard en 3024. Il a exposé au Mona (Australie), à la Biennale de Liverpool (Angleterre), à la Biennale de Lyon (France), à la Triennale d’Okayama(Japon), au Palais de Tokyo (Paris) et au Casino Luxembourg (Luxembourg). En 2022, Fabien Giraud et Raphaël Siboni ont publié «The Unmanned», une première monographie sur leur travail commun, disponible chez Mousse Publishing.