Mathilde Roman
La notion d’habiter invite le trouble, le vécu, l’épaisseur sensible dans la conception de l’expérience esthétique et réhabilite les logiques de contagion. Le spectateur est considéré comme un corps vivant et mouvant, comme une sensibilité imprégnée et stimulée dans la rencontre avec des œuvres ouvertes. L’exposition est alors conçue comme un ensemble situé, comme un milieu adressé à des sensibilités affectées, dans lequel la matérialité des espaces est traitée comme un support indispensable. La relation aux lieux, aux contextes, aux spécificités des atmosphères, aux modes de gestion des institutions, et à la dimension de la scénographie dans son ensemble, est réinvestie au sein de processus qui visent à créer des zones de rencontres entre des œuvres et des corps, à créer un continuum de relations et non une accumulation d’hétérogénéités isolées.
Cette recherche s’est construite au travers d’une analyse précise d’œuvres et d’expositions, et dans un dialogue avec des artistes de différentes générations. La conférence restituera cette dimension collaborative de l’écriture critique.
Après des études de philosophie, Mathilde Roman obtient un doctorat en arts et sciences de l’art, université Paris 1 Sorbonne. Elle est l’auteur de plusieurs essais : Habiter l’exposition. L’artiste et la scénographie (Manuella ed. 2020); On stage. La dimension scénique de l’image vidéo (éd. LEGAC PRESS, 2012) et Art vidéo et mise en scène de soi (éd. L’Harmattan, 2008). Elle a aussi co-dirigé l’ouvrage Corps et images. Oeuvres, dispositifs et écrans contemporains, aux éditions Mimésis en 2017.
Elle est professeur au Pavillon Bosio, Art & Scénographie, à Monaco depuis 2006. Critique d’art, elle collabore régulièrement aux revues l’Art Même, 02, Switch(onPaper) et a collaboré dans le passé avec Mouvement, Artpress, lacritique.org. Elle fait partie d’AICA France et a rejoint le bureau d’AICA International en tant que trésorière en 2016. Elle mène aussi des projets de commissariat : Danse, Danse, Danse (Nouveau Musée National de Monaco, 2016), Plein écran (La Station, Nice, 2016), MOVIMENTA, Biennale de l’image en mouvement à Nice (2017), Performance TV (Maison d’Arts Bernard Antonioz, Nogent-sur-Marne, 2018), Implano de Arisana. Halida Boughriet, le 109, Nice, 2021.